mardi 27 mars 2012

L'écume en tonneau

Toutes les empreintes de mer ne font qu'érafler les grains, toutes les morsures de mer ne font que griffer la pierre. La dune recule et la falaise s'accule, comme les rides et les plis se dessinent sur la feuille. La mine se fatigue, devant le geste inlassable qui balaie toute permanence. Mon auteur, si je te relis, tes mots ont changé. Mon aurore, ton miroir glisse sur les éclats des vagues. Mon enfant, le courant de ton regard enveloppe bien des lumières.
Le temps perce, mais l'essence ?
Les heures en perce, mais que brûle ?
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...
Les vérités des autres coûtent, et nous sommes bien misérables. Le sel élime les mailles, l'eau les resserre, pourtant les toiles sont tendues, figeant partialement des images partielles. Lors en s'exposant, les tableaux s'imposent, posant la question du partage, de la persistance, mais aussi du schisme et de la violence du morcellement. Ne sont délivrées que des palettes qui se délavent, des instantanées qui s'entêtent à fixer des fuites. Et opiniâtres, les pinceaux et les plumes pourtant s'obstinent à transmettre des instants binaires et des pertinences lunaires.
Les yeux percent, et l'essence.
Les heures en perce, mais que ne brûle ?
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...
La présence et ses désirs égratignent le papier, tandis que la marche abîme les traces et ses volontés. Dessous l'écume, l'eau volage vainc, si s'en va, reste néanmoins et revient de corps. Mon auteur, à te relire, tes mots m'auront tout dit. Mon aurore, les teintes des vagues se mireront du crépuscule. Mon enfant, les rais même hagards, même sans regard, n'en sont pas moins vrais.
Le temps erre, et l'essence.
La permanence perce l'Horloge et rend nul.
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...



La marée

6 commentaires:

  1. Il en coûte d'écumer la vague
    de coller le pas au sable
    de trouver lumière dans le regard
    d'ouvrir l'oreille à la vérité Autre.
    En reste un cliché, impression
    en filigrane
    des fragments de vie
    de nos vies morcelées
    et
    recollées
    aux soirs rougeoyants
    l'écume se dépose en fond de tonneau
    en traces, enfant, en traces

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  2. et je reste enfant
    et mon enfant
    m'en voudra-t-il ?
    et j'ai renoncé
    à mettre l'écume en tonneau
    et je persiste
    à mettre l'écume en tonneau
    j'ai les membres
    rongé du sel
    et les plaies ne ferment toutes
    toutes les plaies ne se valent pas
    et des chimères on choisit
    plus ou moins et
    plus ou moins bien
    celles qu'on poursuit
    celles qu'on chasse

    je reste chasseur d'écume
    et le sel brûle
    et le sel cautérise
    et le sel brûle

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  3. difficile de persister
    de persévérer
    d'écumer sans relâche
    la vague efface les traces
    à chaque marée
    refaire inlassablement ?
    le sel creuse les plaies
    blanchit les os
    nos seuls vestiges
    d'enfant

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  4. la loi du naufragé,
    ainsi, refaire ,'est pas renouveler
    à nouvelle trace, nouveau sentier
    brandir inlassable notre squelette
    unique drapeau blanc fier
    à offrir au jeu du vent...

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  5. http://www.youtube.com/watch?v=6U7smtLIf6U&list=PL7EF95A7363C9D521&feature=mh_lolz

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