samedi 3 mars 2012

Nulle part

Nulle part se rendre sans être poursuivi,
Nul rivage baiser sans la pression des lèvres,
Nul endroit arpenter sans l'image spectrale
D'un fantôme charnel nullement dissolu.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part le rendre, le poids de la nausée,
Nul paysage rêver sans embrasser les dunes,
Nul envers retourner sans en miroir pâlir
D'un sourire effacé, d'une âme résolue.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part les rendre, les mots, la paix, les armes,
Nul présage mentir sans l'illusion du son,
Nul revers essuyer sans que brille l'absence
D'un billet mal écrit de maux infirmes et vides.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part à rendre, quand il ne reste rien,
Nul visage franchir d'une geste inverse,
Nul détroit charpenté sans robe des marées
Décolorées, grisées d'un mutisme salin.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

2 commentaires:

  1. Nulle ombre ne masquera nos paupières
    Nulle corde ne serrera nos gorges
    Nulle nuit ne dissimulera nos rides
    Nulle dune n’essoufflera nos pas

    Chaque nuit aura ses étoiles
    ses cils en ombre
    ses traces en dune
    ses cris en gorge

    alors,
    s'éloignera toute crainte,
    tout cri,
    la sève irriguera le corps
    déchargera l'angoisse
    en conscience,
    en confiance

    alors,
    plus de crainte, de revers, de mots vides, de billet mal écrit
    qu’illusions retrouvées, pas assurés, baisers sur les lèvres, corps nus insulte aux âges

    Chaque marée nous rendra ce que la précédente nous avait emprunté
    Christine

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  2. C'est un un très beau retournement de texte, tant que je ne me sens pas de prolonger ces deux miroirs. Leur connivence autonome se suffit, ce serait une perversion d'aller plus loin.
    Merci à vous Christine, le sens a été très bien saisi, et "renvoyé". Vous touchez mon affect...
    C'est plus qu'intéressant, de voir ainsi ce désespoir mue en espoir, la pesanteur a pris une tout autre dimension...

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